L’HOTEL-DIEU AU XVIe SIECLE

Après la guerre de Cent Ans le commerce redevient peu à peu florissant. En 1514, Louis XII accorda aux religieux de Saint-Denis, la création de trois foires annuelles[1] dans la ville. L’augmentation du nombre des commerçants de passage et des voyageurs qui résultait de la reprise du négoce laisse prévoir également une reprise d’activité de l’Hôtel-Dieu.

ORGANISATION MATERIELLE  – BATIMENTS

Un acte de 1555[2] du 6 février précise que le dortoir de l’Hôtel-Dieu contenait alors 9 lits pour « loger les pauvres passants et autres personnes ».

Le personnel se composait d’un maître administrateur, d’une religieuse et de deux servantes.

L’établissement était pourvu en nourriture et fournissait même le linceul pour les malades décédés sur place.

Le maître était Jean Moreau, également chapelain de la chapelle Saint-Eloi. C’est la première fois qu’apparaît l’invocation de Saint Eloi pour la chapelle de L’Hôtel-Dieu.**Malgré la disparition des titres de fondation, il apparaît clairement que deux obligations, au moins, étaient faites aux administrateurs :

-premièrement gérer le patrimoine de l’établissement et l’utiliser au soulagement des pauvres voyageurs et passants.

– secondement d’assurer quatre messes par semaine et l’assistance spirituelle aux personnes accueillies. Un lieu de culte s’imposait donc sur place et il est très probable que c’est à cette époque que la travée est de la salle d’accueil des malades fut aménagée en chapelle. Les deux autres travées étaient suffisantes pour loger neuf lits. Cette disposition évoque modestement celle de l’Hôtel-Dieu de Beaune où la salle des malades ne fait qu’un avec la chapelle, en sorte, que les malades puissent, de leurs lits, suivre aisément la messe et les offices.

L’ADMINISTRATION AU XVIe SIECLE

Nous avons vu que dès le XIIe siècle, l’évêque investissait le maître administrateur de l’Hôtel-Dieu. Il gardait ainsi la haute main sur les hôpitaux et léproseries des diverses paroisses du diocèse. A mesure que l’autorité royale se sentit plus puissante, elle chercha à supplanter l’influence de l’évêque par l’intermédiaire de l’Aumônier du Roi. Celui-ci prétendait étendre sa juridiction sur tous les hôpitaux de fondation royale ou réputés tels, ce qui était le cas pour Brie-Comte-Robert. Les évêques résistèrent énergiquement aux prétentions royales durant tout le XVIe siècle et la situation de chapelain sera longtemps confondue avec celle d’administrateur.

Les actes dont nous disposons font mention de « prestre et maistre de l’Hostel Dieu » ou de maître et administrateur »

Nicolas Potet fut maître et administrateur[3] de 1474 à 1515 date de son décès. Il sera enterré dans l’église de Chevry[4] , sa mère décédée en 1501 est enterré avec lui.

Avant 1575, l’Hôtel-Dieu eut pour maîstre Claude Le Cirier[5].

            Durant cette période, l’administrateur est assisté d’une sœur assurant vraisemblablement la charge de la maison et les soins aux malades. Deux noms nous sont connus par leur pierre tombale :

– Anthoinette Dutertre de 1515 à 1557

– et Agnès de Lauzanne de 1557 à 1566 [6].

Ces pierres tombales restaurées,  sont visibles dans le hall d’entrée de l’hôtel-Dieu.

La défunte est représentée vêtue d’une longue et ample robe, sa tête est couverte d’une guimpe (pièce de toile qui encadre le visage et retombe sur les épaules, le cou et la poitrine).

Elle est représentée les mains jointes dans une attitude de dévotion.

Une autre plate-tombe est exposée dans l’Hôtel-Dieu.

Elle représente Anthoinette Du Tertre qui officia à l’hôtel-Dieu de 1515 à 1557.

Cette dalle probablement sauvée par un anonyme était exposée dans la chapelle du nouvel hôpital et a été rapatriée ici.

            C’est Charles IX (1560-1574) qui constatant « que les biens de l’hôtel-Dieu étaient dissipés par ceux qui en avaient l’administration ordonne qu’ils soient à l’avenir administrés par un commissaire qui serait nommé par les habitants du lieu ». [7]

            Ainsi cette ordonnance amenait à la séparation des pouvoirs : le temporel devant être géré par les habitants et le spirituel (quatre messes de fondation par semaine) obligatoirement laissé à un chapelain nommé par l’évêque.

Mais le 8 février 1593, Henri IV précisait le droit du roi par ses lettres patentes :

« Défense à toutes personnes de s’immiscer en l’administration de tous les hôpitaux, maladreries et autres lieux pieux du royaume qui ne sont de fondation ou patronage d’aucun prince, archevêque, seigneur de communautés sans lettres patentes de provisions de nous, à la nomination du grand aumônier de France… ».

            Durant tout le XVIIe siècle, allaient s’élever des contestations sans fin entre les habitants de Brie-Comte-Robert d’une part, représentés par les échevins, d’autre part l’autorité royale représentée par le bailli et l’aumônier du roi qui avait droit de nomination et enfin l’évêque du diocèse de Paris qui souhaitait s’accaparer l’institution.

DE 1633 à 1680 : La décadence et la chicane.

De 1680 à 1688 Gestion religieuse

De1722 à 1764 Gestion de curés de Brie


[1] Arch. nat : S2291

[2] Arch. nat. : L425 n°57 (6 fév 1555)

[3] Arch. nat. : L409 fol 196 v°

[4] Abbé Leboeuf  p.286

[5] Arch. de SO : A 1095 (d’après Lecomte)

[6] Procès de 1680 – Arch. de la famille d’Orléans

[7] Arch. départ. 77 : mémoire, liasse 8HDt (peut être dans l’ordonnance de Moulins de Fév 1566).