La date précise de fondation de l’hôtel-Dieu n’est pas connue.

De même, on ne sait pas si sa fondation est due à Robert Ier ou à Robert II.

Une lettre du pape Innocent III répond aux vœux de Robert II de faire construire à ses frais une chapelle dans l’hôtel-Dieu qui existe donc déjà à cette période.

L’existence de l’hôtel-Dieu — « la Maison-Dieu » — est attestée pour la première fois en 1207. Par une lettre du 21 septembre 1207[1], le pape Innocent III, répond à Robert II, second seigneur de Brie, qui sollicite une autorisation de construire une chapelle pour la Maison-Dieu qui n’en possède pas. Robert précise que la construction de cet oratoire ainsi que l’établissement et l’entretien d’un chapelain serait à ses frais. La pape accepte cette requête avec conservation des droits de la paroisse[2].

« L’évêque Innocent, serviteur des serviteurs de Dieu adresse son salut et sa bénédiction apostolique au vénérable évêque de Paris. Son fils bien-aimé, le noble comte de Dreux a pris le soin de l’informer que, comme la Maison Dieu de Brie, du Diocèse de Paris, manquait d’un oratoire, il a pris lui-même des dispositions pour construire à ses frais une chapelle et y installer un prêtre auquel il veut donner sur ses biens propres le bénéfice approprié. mais comme, en homme sage, il demande notre accord, ne voulant pas empêcher son pieux dessein, par lettre apostolique nous chargeons sa fraternité, suivant la requête de ce noble très estimé, de permettre l’édification d’une chapelle juste au-dessous de l’enceinte de la Maison-Dieu et l’installation d’un prêtre tout en conservant le droit de la paroisse à l’intérieure de la laquelle la fameuse maison a été fondée. »

Par ce texte on a la preuve que la Maison-Dieu de Brie existait déjà avant 1207. La création de l’hôtel-Dieu serait donc à l’initiative du seigneur local, Robert II de Dreux qui est seigneur de Brie depuis 1202. Il était le petit fils de Louis VI Le Gros et le neveu de Louis VII.

 cette époque, pour faire un établissement pieux, le simple consentement de l’évêque et l’agrément du pape suffisaient, sans lettres patentes du roi. L’absence de texte de fondation entraînera pour les siècles suivants d’incessantes querelles et procès.

Comme tous les établissements semblables de l’époque, l’hôtel-Dieu n’était pas destiné à donner des soins aux malades, mais plutôt à accueillir, pour une ou deux nuits, les voyageurs indigents et fatigués[3]. En effet l’expansion de la ville et de son marché amenait un flux important de commerçants, de voyageurs étrangers et peut-être de pélerins. La création de l’hôtel-Dieu correspondait à la volonté d’exercer  la charité chrétienne envers les plus défavorisés.

La chapelle souhaitée par Robert II a-t-elle été construite ? Si c’est le cas, on ne peut pas aujourd’hui préciser à quel endroit[4].

En 1252, Jean Le Roux, fils de Pierre Mauclerc, est alors seigneur de Brie. Le pape Innocent IV donne, par lettre[5], aux frères de la Maison-Dieu de Brie, l’autorisation d’élever une chapelle dans leur maison et d’avoir une cloche, en donnant mission à l’évêque de Paris de nommer un chapelain.

La chapelle n’avait donc pas encore été construite. La lettre du pape nous indique que l’hôtel-Dieu était alors administré par des frères comme elle le sera cent ans plus tard. Le mot frère ou sœur désigne des laïcs qui ont accepté de vivre en communauté suivant une règle au service d’une mission charitable.

Entre 1207 et 1252, on voit l’administration de l’hôtel-dieu échapper au seigneur de Brie. C’est aux frères, et non au seigneur, que le pape donne l’autorisation de construire une chapelle et la nomination du chapelain est déléguée à l’évêque de Paris. La rémunération du chapelain n’est pas précisée.

Les causes de cette modification de la tutelle nous sont inconnues, les archives anciennes ayant disparu sans doute pendant les destructions de la guerre de Cent Ans et de la Fronde. L’Église de Paris, propriétaire de la plus grande partie du riche sol briard, essaya de garder la haute main sur les hôpitaux dès le XIIIe siècle. Ce qui ne fut pas toujours du goût du seigneur local et des habitants de Brie.


[1] Guérard : Cartulaire de Notre-Dame de Paris, tome 1, p.48.

[5] Guérard – Cartulaire de Notre-Dame de Paris, tome III, p.252.